Evolution d'un établissement rural du IIe siècle au VIe siècle de notre ère - Inrap - Institut national de recherches archéologiques préventives Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2022

Evolution d'un établissement rural du IIe siècle au VIe siècle de notre ère

Thomas Navarro
Diana Montaru
  • Fonction : Auteur
Catherine Richarté-Manfredi
Jérôme Hernandez
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1031500
Stéphanie Raux
Isabelle Rodet-Belarbi
Richard Pellé
Tomasz Goslar
  • Fonction : Auteur
Nicolas Garnier
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1072275

Résumé

En 2015, en préalable à un projet de lotissement, un diagnostic mené sur un terrain situé en périphérie sud-est de la ville de Pertuis avait mis en évidence la présence d’un établissement rural daté de la fin de l’Antiquité. En 2019, la fouille réalisée sur une superficie de 8000 m2 a permis d’explorer l’évolution de l’établissement et de ses abords, entre le IIIe siècle et la fin du VIe siècle de notre ère suivant les éléments de datation issus de l’étude des mobiliers en céramique (étude de Catherine Richarté-Manfredi), en verre (étude de Stéphanie Raux), des monnaies (étude de Richard Pellé) et des objets métalliques (étude de Jérôme Hernandez). Quelques rares tessons du Haut Empire témoignent d’une fréquentation plus précoce sans toutefois permettre de la relier systématiquement aux bâtiments subsistants. Les constructions sont établies sur un terrain plan, en bordure d’un ressaut dominant la plaine alluviale de la Durance. Les niveaux archéologiques étaient recouverts par 0,60 à 1 m de sédiments bouleversés par les travaux agricoles. Un léger pendage originel vers le sud est perceptible, les strates archéologiques étant mieux conservées au sud qu’au nord. Les vestiges – fondations de murs, reliquats de sols, fosses – apparaissent en surface de sédiments limoneux stériles. Vers le sud, la stratigraphie permet de discerner plusieurs états des bâtiments. Pour le premier état, les vestiges relevés décrivent un habitat composé de plusieurs bâtiments organisés autour d’une cour et appuyés sur un long mur de clôture sud-est-nord-ouest formant la limite nord de l’établissement. L’aile orientale est dotée d’une petite pièce chauffée par hypocauste. Un bassin revêtu de mortier de tuileau prend place plus à l’est à l’écart de l’habitat. Cet état est rapporté aux IIe – IIIe siècles (état 1). Au cours de la période suivante, le développement de l’établissement se traduit par la reconstruction et l’extension du noyau initial autour de la cour, avec notamment un entrepôt à dolia installé dans l’aile occidentale nouvellement construite, et une aile nord plaquée sur le mur de limite nord de l’état précédent. Un bâtiment d’exploitation isolé à l’est, est doté d’un nouveau bassin de décantation supplantant le précédent bassin. Au cours de cette phase d’expansion (état 2 : IVe siècle), les fondations sont le plus souvent construites en pierres liées au mortier de chaux. Les deux dernières phases d’occupation (états 3 et 4 datées des Ve et VIe siècles) se caractérisent par le maintien en élévation d’une partie des bâtiments antérieurs, principalement du côté occidental, et la mise en place de nouveaux bâtiment d’exploitation dotés de bassins au nord-ouest. Des constructions à fond excavé et couvertes de probables élévations de terre crue complètent l’habitat, à l’ouest, au centre et à l’est du noyau bâti initial. Le dépôt de couches contenant de nombreuses tuiles issues de la destruction des bâtiments caractérise également ces phases tardives. Les deux bâtiments successifs dotés de bassins de décantation revêtus de plusieurs couches de béton de tuileau, le premier à l’est, le second au nord, témoignent d’une activité de pressage difficile à déterminer en raison de la carence en indices matériels connexes. La recherche des marqueurs chimiques ayant imprégné les bétons (laboratoire de Nicolas Garnier) a conclu à l’absence des marqueurs de l’olive et à la présence ténue de jus de raisin uniquement pour le bassin le plus récent du bâtiment nord. Les autres fonds de bassins, tant pour les premiers états à l’est que les suivants au nord-ouest, ont été en contact avec un corps gras végétal riche en acide palmitoléique, ce qui pourrait correspondre au pressage des fruits de l’argousier, seule plante régionale riche de cette substance. La céramique collectée met en évidence un pic de consommation entre la fin du IVe et le VIe siècle avec en particulier une importante collecte de céramique DSP grise ornée de poinçon et de guillochis. En périphérie orientale de l’établissement et en limite de l’emprise de fouille ont été localisées 6 sépultures complètes orientées est-ouest, réparties en 2 ensembles disjoints (étude thanato-archéologique : Diana Montaru). Trois sépultures en bâtière situées au nord ont accueilli respectivement un homme, une femme et un/une adolescent/e et se rapporteraient au Ve siècle, d’après les datations radiocarbone effectuées (laboratoire de Poznan - Tomasz Goslar). Les 3 autres sépultures, placées dans l’angle sud-est de l’emprise fouillée se caractérisent par une plus grande diversité d’aménagement (pleine terre, coffre de pierres) et ont été creusées dans le cours du VIe siècle. Cette chronologie plus tardive est confirmée par la découverte dans l’une de ces tombe d’une plaque-boucle mérovingienne datable des VIe – VIIe siècle (étude de Jérôme Hernandez). Situés en limite de fouille, ces deux petits ensembles funéraires ne recouvrent ni l’amplitude chronologique complète de l’établissement voisin ni l’effectif humain qu’on peut inférer pour un tel établissement sur une période de 4 siècles. Dans l’emprise fouillée, 3 autres indices funéraires incomplets ou remaniés ont été relevés, mais d’autres tombes sont encore conservées sous les terrains agricoles mitoyens à l’est, comme l’a montré le diagnostic effectué sur ces parcelles en juillet 2021. La découverte de cet établissement rural tardif apporte des éléments de connaissance nouveaux sur le maillage de l’occupation de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen-Âge dans un secteur encore relativement peu exploré par l’archéologie. Elle apporte des éléments de réflexion sur l’économie rurale au cours de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen-Âge dans la basse vallée de la Durance, au carrefour d’influences méditerranéennes, alpines et nordiques, en particulier dans le contexte de la mise en place des royaumes germaniques qui succèdent à l’empire romain. L’opération met en lumière l’exploitation d’une plante – l’argousier - jusqu’ici peu mentionnée comme ressource naturelle durant les périodes concernées et ouvre ainsi de nouveaux champs de réflexion.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03625749 , version 1 (31-03-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03625749 , version 1

Citer

Robert Thernot, Thomas Navarro, Diana Montaru, Catherine Richarté-Manfredi, Jérôme Hernandez, et al.. Evolution d'un établissement rural du IIe siècle au VIe siècle de notre ère : Provence-Alpes-Côte d'Azur, Vaucluse, Pertuis,. [Rapport de recherche] Institut national de recherches archéologiques préventives, INRAP. 2022. ⟨hal-03625749⟩

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