Provence Alpes Côte d'Azur, Alpes-Maritimes, Tourrettes-sur-Loup, 900 chemin de Saint-Martin - Inrap - Institut national de recherches archéologiques préventives Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2020

Provence Alpes Côte d'Azur, Alpes-Maritimes, Tourrettes-sur-Loup, 900 chemin de Saint-Martin

Catherine Poteur
  • Fonction : Auteur
Benjamin Michaudel
  • Fonction : Auteur
Diana Montaru
  • Fonction : Auteur
Jean-Philippe Sargiano

Résumé

Un projet d’extension et de réaménagement d’une maison individuelle intégrant les vestiges d’une église médiévale abandonnée, connue sous le vocable de Saint-Martin de la Pelote à Tourrettes-sur-Loup, a motivé la prescription d’une opération archéologique comportant un volet de fouille au sol et un volet d’étude des élévations. Les interventions ont été programmées en fonction du déroulement du chantier de construction. Les zones fouillées ont concerné des secteurs extérieurs aux bâtiments médiévaux mais aussi le chœur de l’ancienne église. En juin 2017, la première phase de fouille a porté sur les zones destinées à accueillir de nouvelles constructions se situant à l’ouest des bâtiments (zone 1 et zone 2) et au sud des bâtiments (zone 3). Dans ces secteurs, le niveau sédimentaire au contact du rocher recèle trois fosses attribuables à la Préhistoire. L’une d’entre elles est une fosse à pierres chauffées de plan circulaire, contenant également des charbons de bois et des éclats de céramique modelée. Dans les remblais supérieurs, un éclat de silex portant des retouches bifaciales a été retrouvé. Aucun autre indice de fréquentation n’a été relevé. Entre la fin novembre 2017 et avril 2018, la fouille du chœur a été entreprise en plusieurs étapes (zone 4). Parallèlement a été effectué un suivi des travaux de terrassement annexes (zone 5) au cours duquel a été localisée une petite construction adventice au nord de l’église, sans doute en lien avec la vocation agricole des bâtiments depuis le XVIIe siècle. La fouille du chœur a permis de mettre en évidence l’évolution architecturale de ce dernier. Succédant à une première construction qu’il n’a pas été possible de caractériser, un premier état de l’édifice religieux se compose d’un chevet plat, d’une base de table d’autel maçonnée et de sols en terre battue contenant des charbons de bois qui ont permis d’obtenir une datation radiocarbone comprise entre la fin du IXe et la fin du Xe siècle. Le deuxième état du chœur se traduit par la construction d’un chevet trilobé avec des sols toujours en terre battue, mais conservant la base de la table d’autel de l’état antérieur. Le troisième état, sans doute assez proche du précédent, voit la transformation de l’absidiole sud qui passe d’un plan semi-circulaire à un plan rectangulaire. L’abside axiale et l’absidiole nord demeurent inchangées. Une table d’autel monolithique est conservée sur le site et renvoie à des modèles connus entre le Ve et le XIIe siècle. Parallèlement aux interventions sur le sous-sol, une étude des élévations a été menée. Les élévations ont été relevées par photogrammétries géoréférencées. L’étude met en évidence 8 campagnes de construction échelonnées entre le Xe et le XXe siècle. La première campagne, essentiellement vue en fouille au sol, concerne l’édification d’une église à nef unique et à chevet plat durant le Xe siècle. Suit la transformation et l’agrandissement du chœur avec la construction du chevet trilobé enveloppant le premier chevet, phase à dater du XIe siècle, la nef adoptant alors sa largeur et sa longueur définitives toujours visibles. L’absidiole sud est ensuite rapidement reconstruite sur un plan quadrangulaire. Cette transformation témoigne de la survenue d’un problème structurel majeur qui a contraint à la réfection non seulement de l’absidiole sud mais aussi à la reconstruction des parties hautes du chœur (abside axiale et absidiole nord) reprises toutefois à l’identique. Cet épisode suit de peu le précédent et pourrait se placer entre le XIe et le XIIe siècle. Les phases suivantes concernent des réfections liées à l’entretien des structures ou au percement de jours et d’une porte dans le chœur. Quelques travaux sont mentionnés au XVIIe siècle alors que la fonction religieuse du site a laissé place à une utilisation agro-pastorale avec l’aménagement d’une bergerie. Ultérieurement, les bâtiments subissent une ruine progressive qui ne sera interrompue qu’à la fin du XXe siècle avec la première campagne d’aménagement en résidence intégrant les vestiges des bâtiments anciens. La recherche documentaire a permis une étude exhaustive des sources écrites disponibles et l’analyse critique des informations collectées notamment par l’abbé Tisserand, auteur à la fin du XIXe siècle d’une étude sur l’évêché de Vence. Sans exhumer de documents inédits, l’étude confirme toutefois l’apparition tardive, au XIVe siècle, des mentions du site dans les archives, qualifié alors de prieuré dépendant de l’évêché de Vence. Les sources écrites demeurent donc silencieuses sur les premiers siècles de son histoire. Si au XVIe siècle, Saint-Martin est encore qualifié d’église, au XVIIe siècle, il n’est plus question que d’un usage agro-pastoral par le biais de contrats de fermage. Au XVIIIe siècle, l’église et les bâtiments sont en ruines. De la fin du Moyen-Âge jusqu’à la Révolution, le site apparaît régulièrement dans les documents en raison d’un litige récurrent opposant l’évêché et les seigneurs de Tourrettes à propos des droits revendiqués par les deux parties sur Saint-Martin de la Pelote. Afin de pallier l’absence de mobilier archéologique dans les diverses strates fouillées, une datation par radiocarbone à partir des charbons de bois prélevés dans le sol en terre battue associé au chevet plat du premier édifice cultuel a été réalisée. Le pic de probabilité obtenu est centré sur les trois premiers quarts du Xe siècle : soit entre 893 avec 68.2% de probabilité et 970 95.4% avec de probabilité. Cette datation du premier état de l’édifice apporte un élément chronologique tangible pour l’histoire précoce de Saint-Martin de la Pelote qui reste encore largement à découvrir.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03046210 , version 1 (08-12-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03046210 , version 1

Citer

Robert Thernot, Catherine Poteur, Benjamin Michaudel, Diana Montaru, Jean-Philippe Sargiano. Provence Alpes Côte d'Azur, Alpes-Maritimes, Tourrettes-sur-Loup, 900 chemin de Saint-Martin : Saint-Marin-de-la-Pelote, évolution d'une église rurale et de ses annexes du Xe au XXIe siècle. [Rapport de recherche] Institut national de recherches archéologiques préventives. 2020. ⟨hal-03046210⟩

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