Traces de “productions” en terre cuite dans la plaine maritime flamande française. Résultats des opérations d’archéologie préventive réalisées sur la commune de Téteghem (France) - Inrap - Institut national de recherches archéologiques préventives Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Traces de “productions” en terre cuite dans la plaine maritime flamande française. Résultats des opérations d’archéologie préventive réalisées sur la commune de Téteghem (France)

Résumé

a commune de Téteghem se situe dans le département du Nord, à 4 km du trait de côte actuel et 3 km de la frontière belge. Elle se place plus précisément dans la vaste plaine maritime qui borde le sud de la mer du Nord. Il s’agit d’un milieu particulier fortement conditionné par les dynamiques maritimes. C’est un espace de tri sédimentaire important, avec des dépôts d’argile, de sable et de tourbe, qui crée ainsi un environnement favorable pour l’installation des artisans de la terre. Deux opérations de fouille, qui ont livré toutes deux des indices de production de terre cuite, ont eu lieu sur cette commune. La première dite « La châtaigneraie » s’est déroulée en 2004. La présence de nombreux fragments de parois de four, de possibles supports de sole, de pernettes, et de très nombreux ratés de cuisson (déformation, délitage, surface en « peau d’éléphant » et réoxydation) plaident clairement en faveur d’un contexte d’atelier de potiers (étude F. Thuillier, Inrap). Certaines structures constituées de réseaux de fossés et de bassin de décantation ou même des cuvettes comblée de charbons de bois et de terres rubéfiées argumentent également cette hypothèse. La production se compose exclusivement d’éléments cuits en mode réducteur. La pâte est de couleur grise soutenue. Le répertoire des formes est peu varié (étude J.-C. Routier, Inrap). Les oules sont omniprésentes avec quelques variétés dans les lèvres (tête de clou, étirée ou à inflexion). Les pots à goulot sont plus standardisés et se constitue toujours d’un goulot tubulaire et d’une lèvre à bandeau qui rappellent des exemplaires des sites Belges de Zomergem ou Oudenburg. On peut noter aussi la présence de quelques bassins, assez plat à lèvre étirée. L’ensemble peut être daté du XIIe siècle. La seconde fouille s’est déroulée en 2012/2013 sur le lieu-dit « Carlines III ». Une fois encore de nombreux indices (comblement rubéfié lié à une activité du feu, tessonnière, très nombreuses déformations) laissent penser une proximité immédiate avec un atelier de potier. Néanmoins, les céramiques déformées présentent systématiquement des traces d’utilisation (forte traces de suie) qui fait davantage penser à un approvisionnement de second choix. Les groupes techniques de cet ensemble sont beaucoup plus nuancés que le mobilier de la fouille précédente. Les éléments cuits en mode oxydants (à pâte rouge-orange) sont désormais majoritaires et disposent de différents traitements de surface (engobe, enfumage, glaçure…). L’éventail morphologique est également beaucoup plus développé. On recense de la vaisselle de table (pichets à col évasé et lèvre en bandeau), de préparation (terrines et tèles), des couvre-feux et des éléments de cuisson en très grand nombre (oules, poêlons et pots à anse). Le tout est homogène et correspond à la seconde moitié du XIVe siècle. Même si un atelier de potiers n’est pas avéré sur cette seconde fouille, une production de brique semble indéniable. De très nombreuses briques ont été découvertes avec des déformations, des vitrifications soutenues, une explosion du matériel ou des soudures entre 2 objets. Une large dépression comblée par des cassons de briques a été interprétée comme les restes probables, très arasés, d’un four à brique. Associé à cela, une production très particulière d’objets en terre à brique a également été identifiée. Ces objets sont exclusivement à pâte jaune (caractéristique des briques flamandes). Celle-ci peut être parfois chamottée. Deux exemplaires sont à pâtes rouges. 23 de ces objets sont des couvercles. Ceux-ci disposent systématiquement d’un décor très « élaboré » : incisions en flèches, molettes, digitations, enlèvement au couteau formant des triangles (« kerbschnidtt »). Le tenon pour la préhension est également accentué de triangles (incisés ou creusé) et même parfois rehaussé d’un engobe rouge. Les autres objets se composent de double-bacs de grande dimension (18 en tout) et d’éléments plus anecdotiques comme un chenet de cheminée, un possible tourne-broche, un boudin formant un visage et 3 cupules dont la fonction est peut-être de récupérer le pigment rouge des briques pour faire un engobe. La carte de répartition de ces objets en terre à brique est saisissante, elle recouvre la côte belge, les Pays-Bas et le nord de l’Allemagne. Une telle répartition évoque peut-être la route commerciale de la Hanse.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02454454 , version 1 (24-01-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02454454 , version 1

Citer

Vaiana Vincent, Mathieu Lançon. Traces de “productions” en terre cuite dans la plaine maritime flamande française. Résultats des opérations d’archéologie préventive réalisées sur la commune de Téteghem (France). Journées d'information sur la céramique médiévale et moderne (Icéramm), Nov 2014, Namur, Belgique. ⟨hal-02454454⟩
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