Citadelle Miollis : premières observations archéologiques : diagnostic de bâti et sondages : Ajaccio : Corse, Corse-du-Sud - Inrap - Institut national de recherches archéologiques préventives Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport Technique) Année : 2016

Citadelle Miollis : premières observations archéologiques : diagnostic de bâti et sondages : Ajaccio : Corse, Corse-du-Sud

Résumé

Suite à une première évaluation du bâti et des sous-sols de la citadelle d’Ajaccio (diagnostic, phases 1 et 2), trois états majeurs ont pu être repérés avec des mortiers caractéristiques qui accompagnent son histoire : - un état initial à partir de 1492 avec la forteresse génoise et l’amorce du tissu urbain de la ville; - la première citadelle génoise, érigée dans la deuxième moitié du XVIe siècle; - la deuxième citadelle qui marque surtout des aménagements de défense et de lotissement interne par les français, à compter de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Le premier plan connu de 1509 retrace bien les proportions mises en jeu, la forteresse reste très modeste, fichée sur son éperon rocheux et isolée de la cité par un fossé dont la contrescarpe va servir à fermer l’enceinte urbaine sur elle-même. Le seul dispositif de communication est un accès sur tambour avec pont-levis. Ce premier état se caractérise par un mortier blanc-rosé à ocré, très granuleux, polychrome et d’une dureté caractéristique, renforcée par une calcification intense par endroits (notamment extérieurs). Il lie une fortification carrée autour d’une cour avec double porte précédée d’un tambour à un donjon, une tour et un bâtiment A selon un système de circulation à déterminer. Un couronnement doit permettre une circulation haute grâce à un jeu de plate-forme et de chemins de ronde. La forteresse se dégage comme un ensemble de superpositions, avec une porte d’accès qui n’a rien de monumental ni de défensif en dehors de l’épaisseur même de la muraille dans laquelle elle s’inscrit, pas de herse, pas de barre coulissante, pas d’ancrage massif de l’encadrement pour soutenir un tablier mobile si ce n’est trois corbeaux fichés sous le seuil et un mur taluté pouvant faire escarpe. La mise au jour de la pointe du tambour du système de protection de l'entrée mentionné par les plans ne résout pas tous les aspects de sa configuration. Les murailles de la ville, séparées par le fossé qui enclot la forteresse sur trois côtés, se ferment sur le tracé de sa contrescarpe. Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, la mise en place de la première citadelle, sortie ex-novo du plan du Frattino, implique la disparition d’une partie de la cité d’Ajaccio. On change totalement d’échelle et on passe à une surface d’occupation qui avoisine les 2 hectares. Ses hautes murailles adoptent les caractères architecturaux et défensifs de la fortification bastionnée, mieux adaptée à l’utilisation de l’artillerie à poudre. Une ligne bastionnée avec fossé faite d’un bastion central et de deux demis bastions correspond à la topographie de la ville d'Ajaccio. Son système de montage a pu être approché et s’apparente à celui de la citadelle contemporaine de St-Florent avec une escarpe maçonnée sur fossé, une base talutée avec contreforts en batterie et terre-plein surmontée d’un couronnement maçonné avec embrasures de tir et chemin de ronde ainsi qu’une plate-forme pour y poser les canons sur les courtines sud et nord. Le front est, tourné vers la mer voit s’ajouter à l’ancienne forteresse un bastion bas. Cette édification va avoir des conséquences directes sur la forteresse, reléguée dans un angle du nouvel ensemble défensif. Pour renforcer la défense du côté de la mer, un bastion est accroché directement à son flanc est, englobant la tour du Ravelin et rendant caduque les canonnières basses, prises dans la construction. Cet ancrage se voit de façon assez manifeste dans les casemates où l’ancienne chaîne d’angle appareillée est prise en écharpe par le nouveau mur taluté du bastion qui reprend à son compte le cordon en briques périphérique faisant larmier tout en marquant le sommet de la base talutée. Ce nouveau bastion est complété par un tronçon fermant de part et d’autre les anciens fossés. On notera la présence de ce qui peut être un chemin couvert à l’arrière du mur du côté nord, ensuite récupéré dans le système de trois caves jointives, antérieures à la mise en place moderne du bâtiment qui se met dessus (bâtiment 3). Il est intéressant de noter la configuration que prend le tambour, séparé de l’accès à la forteresse et le développement de maçonneries de part et d’autre de son tracé dans l’alignement du donjon : s’agit-il d’un relevé plus précis d’une configuration ancienne, d’une transformation du système défensif ou de la récupération de l’ensemble à d’autres fins ? Peu de bâtiments ont été observés en dehors d’une réserve et d’une caserne. La présence des plates-formes sur les deux courtines sud et nord du front bastionné ouest, absorbant un espace couvert important avec vastes salles voûtées et « souterrains » peut être l’amorce d’une réponse sur le peu de constructions dans la citadelle. Un troisième temps désigne de vastes travaux mis en place autour de 1772 avec le retour des français, tant sur les fortifications, la construction probable des casemates que celle de bâtiments divers en intérieur, souvent sur des éléments déjà existants. Les casemates ne seraient donc pas antérieures à 1765 et le plan de 1772, qui les enregistrent sans les mentionner semble encore relever les batardeaux liés à leur construction.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01504903 , version 1 (10-04-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01504903 , version 1

Citer

Astrid Huser, Benjamin Michaudel, Laurent Ben Chaba, Serge Bonnaud, Maxime Seguin. Citadelle Miollis : premières observations archéologiques : diagnostic de bâti et sondages : Ajaccio : Corse, Corse-du-Sud : Rapport de diagnostic. [Rapport Technique] D030308, Inrap. 2016, 302 p. ⟨hal-01504903⟩

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