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Un site archéologique de référence

Située au sommet du mont Beuvray, Bibracte fut fondée à la fin du IIe siècle avant notre ère par les Éduens, peuple gaulois qui y installa pour un siècle sa capitale, au cœur du Morvan et de la Bourgogne actuelle. Abandonnée pendant deux millénaires et tombée dans l’oubli, la ville de Bibracte renaît aujourd’hui grâce aux archéologues. Le site constitue un ensemble patrimonial remarquable, classé au titre des Monuments historiques et au titre des Sites, et également labellisé Grand Site de France. 

Bibracte est, d’après César, « de beaucoup la plus grande et la plus riche ville des Éduens » (De Bello Gallico, I, 23). Elle fut le lieu de différents épisodes importants de la guerre des Gaules : César défait le peuple helvète à sa proximité en 58 avant notre ère ; Vercingétorix y est confirmé à la tête de la coalition gauloise contre l’envahisseur romain pendant l’été 52 ; le général romain y séjourne enfin à diverses reprises, notamment au cours de l’automne 52.

Bibracte est identifiée de manière définitive avec le mont Beuvray (communes de Saint-Légersous- Beuvray, Larochemillay et Glux-en-Glenne, départements de la Nièvre et de la Saône-et-Loire) depuis les fouilles archéologiques très importantes menées entre 1867 et 1907 par l’érudit autunois Jacques-Gabriel Bulliot puis par Joseph Déchelette, père de l’archéologie protohistorique. Depuis 1984, le site est de nouveau l’objet d’un grand projet de recherche qui fut lancé à l’initiative du président Mitterrand et qui associe des archéologues issus de divers pays européens. Les résultats sont présentés sur place dans un musée de site, tandis que le produit des fouilles anciennes est visible pour partie à Autun (musée Rolin), pour partie à Saint-Germain-en-Laye (musée d’Archéologie nationale).

Situé à 25 km à l’ouest d’Autun dont le site accueille, un demi-siècle après la conquête romaine, Augustodunum, la nouvelle capitale gallo-romaine des Éduens, le mont Beuvray, qui culmine à 821 m, est un bastion avancé du massif du Morvan qui domine la vallée de l’Arroux, affluent de la Loire. Presque entièrement désertée au moment de la fondation d’Augustodunum et aujourd’hui recouverte de forêts, Bibracte est un représentant parfait des oppida, ces vastes agglomérations fortifiées qui parsèment l’Europe moyenne au Ier siècle avant notre ère. Elle est ceinturée d’une fortification monumentale, longue de 5 km, formée d’un rempart armé de poutres et parementé de pierre (murus gallicus), précédé d’un fossé. Il s’y ouvre plusieurs portes, dont l’une, récemment fouillée, a une largeur qui approche 20 m. La superficie enclose (135 ha) semble en grande partie occupée par des habitations au Ier siècle avant notre ère. Elle fut plus grande encore (200 ha) : les recherches récentes ont en effet montré que le site fut initialement ceinturé par un rempart plus étendu, tandis que des prospections extensives dans les campagnes proches montrent l’existence de véritables agglomérations satellites de l’oppidum, notamment aux sources de l’Yonne, à 4 km des remparts de Bibracte.

Les dégagements de vestiges sur de grandes surfaces permettent de mesurer l’impact progressif de la “romanisation”, amorcée bien avant la conquête romaine sur le site de la capitale des Éduens, peuple qui avait conclu un traité d’alliance avec Rome dès le milieu du IIe siècle avant notre ère. L’oppidum est traversé par plusieurs voies qui structurent l’urbanisme. Dans une première phase, l’architecture n’utilise que la terre et le bois ; les vestiges des bâtiments sont donc ténus. Les techniques de construction méditerranéennes sont introduites à partir du milieu du Ier siècle avant notre ère. On observe finalement la construction de maisons spacieuses, de plan romain, à la fin du même siècle. Les recherches dans la partie centrale du site, à la Pâture du Couvent, livrent les restes d’un ensemble monumental articulé autour d’une basilique, qui semblerait bien être un forum, dont la datation, entre 50 et 30 avant notre ère, est particulièrement précoce. À proximité, au Parc aux Chevaux, c’est un imposant quadriportique construit en bois et entourant une cour qui a été dégagé. Au total, la physionomie de Bibracte reste donc résolument différente de celle d’une ville gallo-romaine “classique”, par sa situation topographique, ses fortifications et son urbanisme irrégulier, mais les recherches les plus récentes montrent un rythme de romanisation accéléré à partir du lendemain de la conquête, au moment où Bibracte devient la capitale de la civitas foederata des Éduens.

La ville est également un centre économique important, dont la population est au bas mot de 5 000 habitants à son apogée. Sa richesse provient en grande partie du commerce avec les régions méditerranéennes, que les Éduens contrôlent grâce à leur mainmise sur les voies de communication majeures qui empruntent les vallées de la Saône et de la Loire. Le vin, importé principalement d’Italie, parvient en grande quantité à Bibracte dans des amphores dont les tessons sont innombrables. Les fouilles montrent également que l’oppidum est un lieu très actif de transactions commerciales. On a aussi mis au jour un grand nombre d’ateliers métallurgiques, où des artisans mettaient en forme toutes sortes d’objets en fer et en alliages de cuivre.

Le site est déserté dès la fin du Ier siècle avant notre ère. Les principaux vestiges d’époque romaine sont ceux du modeste temple de la Terrasse. Celui-ci cédera ultérieurement sa place à un oratoire chrétien. Au Moyen âge et à l’Époque moderne, le site accueille encore une foire annuelle de grande importance, attestée depuis le XIIIe siècle. Enfin, tirant parti du calme des lieux, un couvent franciscain y est fondé à la fin du XIVe siècle et sera abandonné deux siècles plus tard.

 

Un équipement scientifique et culturel original

Aujourd’hui, Bibracte est un lieu unique en Europe, associant trois atouts originaux et complémentaires : un site naturel et historique d’exception, un centre de recherche européen et un musée qui constitue une vitrine de l’archéologie des premières villes des premières villes de l’Europe celtique. C’est à la fois un champ d’application pour des chercheurs d’une dizaine de pays européens, un musée ultra-moderne qui présente comme nul autre la démarche des archéologues et un site archéologique en perpétuelle évolution propice à la découverte d’une page méconnue de notre Histoire.

L’oppidum de Bibracte est l’objet d’un vaste programme de recherche pluridisciplinaire qui s’appuie sur les compétences de plusieurs dizaines de chercheurs associés. Ainsi, les partenariats noués depuis les années 1980 ont particulièrement concerné des instituts et départements universitaires basés dans les villes suivantes : Besançon, Bologne, Bordeaux, Brno, Bruxelles, Budapest, Cluj-Napoca, Dijon, Durham, Edimbourg, Hambourg, Kiel, Lausanne, Leipzig, Ljubljana, Madrid, Mayence, Munich, Nitra, Paris, Prague, Reading, Rzeszow, Saragosse, Sheffield, Toulouse, Vienne… Chaque saison, de nombreux étudiants viennent donc à Bibracte se familiariser ou se perfectionner en archéologie de terrain, tandis que leurs encadrants unissent leurs efforts pour explorer de façon aussi détaillée que possible la ville gauloise.

Le programme de recherche – sans aucun doute le plus important consacré à un site archéologique protohistorique européen – permet d’étudier le développement et le fonctionnement de cette ville représentative des derniers temps de l’âge du Fer, de sa naissance à son abandon, en passant par son apogée puis par une phase de romanisation précoce qui l’affecte dans les décennies qui suivent la guerre des Gaules… La direction scientifique de Bibracte est garante du bon déroulement de ce programme vis-à-vis du ministère de la Culture qui en évalue les résultats à l’issue de chaque campagne.

Le site du mont Beuvray – un domaine public de 950 ha – et ses équipements sont gérés par un établissement public de coopération culturelle,  BIBRACTE EPCC, issu d’un partenariat entre l’État, la région Bourgogne-Franche-Comté, les départements de la Nièvre et de la Saône-et- Loire, le Parc naturel régional du Morvan, le Centre des Monuments nationaux et le Centre national de la Recherche scientifique. 

 

Un centre de ressources et un lieu de rencontre

Le village de Glux-en-Glenne, à 4 km du mont Beuvray, abrite le Centre archéologique européen. Capable d’accueillir une centaine d’usagers, le Centre sert de base logistique aux acteurs des recherches de terrain menées sur le mont Beuvray. On y trouve de vastes espaces de conservation pour les objets et la documentation scientifique issus des fouilles, des espaces de travail pour les équipes invitées, des espaces dédiés au traitement et à la restauration des objets, mais aussi des ressources humaines variées correspondant aux différentes compétences techniques nécessaires à la conduite de la recherche : gestionnaire des mobiliers et matériaux archéologiques, restaurateur, photographe, géomaticien, documentaliste… Le Centre joue également le rôle de centre de ressources, avec une bibliothèque spécialisée ouverte aux résidents 24h/24, une importante photothèque et des espaces qui permettent d’accueillir tables rondes et séminaires tout au long de l’année. En accueillant chaque année plusieurs centaines d’archéologues et d’étudiants, Bibracte participe de façon très active à la constitution d’une véritable communauté archéologique européenne.

 

Consultation des ressources 

Depuis la reprise des fouilles en 1984, BIBRACTE produit chaque année en fin de campagne, pour évaluation par les services du Ministère de la Culture, un rapport scientifique qui fait état de l’avancement des recherches sur le mont Beuvray. Seules les années 1987 et 1988 échappent à ce modèle : elles sont intégrées dans une synthèse des résultats des années 1984 à 1989. Ce dossier propose l’ensemble de ces rapports, ainsi que les Dossiers complémentaires et les Référentiels numériques qui accompagnent les ouvrages de la collection Bibracte, accessible par ailleurs (prochaînement) sur OpenEdition. 

 

Les rapports scientifiques consultables ici sont des documents administratifs destinés à rendre compte des travaux effectués dans le cadre du programme de recherche sur le mont Beuvray. Les comptes rendus à caractère scientifique qui y sont consignés sont provisoires et ils n’ont pas fait l’objet d’une évaluation préalable par une instance scientifique indépendante ; ils ne sauraient être considérés comme des publications définitives.